Terre, mère noire
EAN13
9782494289277
Éditeur
LES ARGONAUTES
Date de publication
Collection
ROMAN
Langue
français
Langue d'origine
croate
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Terre, mère noire

Les Argonautes

Roman

Indisponible

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Kristian Novak a incontestablement touché un nerf avec son premier roman
Terre, mère noire, l’histoire poignante d’un petit garçon qui - à la veille
des guerres de Yougoslavie - se croit responsable de la mort de son père. Un
best-seller dans son pays, Terre, mère noire a été récompensé par le
prestigieux Prix Tportal du meilleur roman croate de l’année et sélectionné
comme l’un des dix meilleurs romans croates des cinquante dernières années.
Preuve de son succès national, il a fait l’objet d’adaptations au théâtre (au
Théâtre national croate), au cinéma par le scénariste slovène Rok Biček
(sélection officielle Locarno), et pour une série de télévision (Antitalent).
Déjà largement traduit, dont en anglais, ce qui lui a valu la sélection du
prestigieux Dublin Literary Award 2021, il était évident pour nous que
Kristian Novak serait la porte d’entrée idéale pour la littérature croate dans
notre catalogue. Nous ne pouvions rêver mieux comme passeuse que Chloé Billon,
traductrice réputée du croate et grande spécialiste de la région. Écrivain en
crise à Zagreb, Matija initie une quête personnelle afin de comprendre ce
qu’il s’est vraiment passé dans son enfance pour qu’il en ait refoulé tout
souvenir. Son histoire nous amène dans un petit village du Medimurje dans le
nord de la Croatie, à la veille des Guerres de la Yougoslavie. Avec autant
d’envergure que d’autodérision, le roman dépeint un monde cruel où la détresse
intime répond à la disgrâce nationale. Terre, mère noire est l’histoire
poignante et universelle d’un garçon sensible, empathique et intelligent, qui
n’est pas comme les autres, dans une société rongée par la précarité, la
violence, le chauvinisme local et les mauvaises blagues. Ironiquement, c’est
par peur de ne pas être accepté que Matija va trahir son seul ami. « Lors de
nos années de formation nous avons tous été traîtres ou trahis », dit Rok
Biček, le réalisateur qui a adapté le roman pour le cinéma sur Terre, mère
noire, « Ceux d’entre nous qui ont grandi en ex-Yougoslavie ont généralement
été les deux. » À l’aide d’une narration originale, d’apparence légère, mais
pleine d’ambition, Terre, mère noire nous plonge au cœur des frayeurs et de
l’imaginaire d’une enfance dans une société qui ne cache plus ses
défaillances. Expressive et riche en images, dialectes et indicateurs sociaux,
la langue de Kristian Novak tisse avec virtuosité et humour une atmosphère
chargée d’émotions, caractérisée par un réalisme magique d’une puissance
époustouflante. L’histoire : Inventer des histoires, c’est ce que Matija
Dolenčec, jeune écrivain à succès, sait faire le mieux. Mais lorsque sa petite
amie Dina comprend que ce qu’il raconte de sa propre vie est une pure fiction
et qu’il est incapable de restituer le moindre détail de son enfance, elle le
quitte. Le chagrin d’amour de Matija s’accompagne bientôt d’un blocage de
l’écriture et d’un fort conflit intérieur : l’imagination lui semblait être
son allié, mais il ne se rappelle pas dans quel combat il en avait eu besoin
au point de refouler tous ses souvenirs. Qu’a-t-il bien pu se passer, au
juste, dans le petit village du Medjimurje, à la veille de la guerre des
Balkans quand Matija avait à peine appris à lire et à écrire ? Lorsque ses
souvenirs douloureux refont finalement surface, ils révèlent l’histoire
traumatisante d’une enfance rurale dans la Yougoslavie socialiste : Son père,
travailleur émigré en Allemagne, meurt soudainement et loin de lui, au point
que le petit garçon pense qu’il s’agit d’une mise en scène pour le punir. Mais
les grands mythes et légendes locales que sa grand-mère lui a racontés
suggèrent qu’il pourrait sauver son père du royaume de la mort. Son entourage
ne comprend rien à ses tentatives désespérées de retrouver son père, surtout
lorsqu’elles comprennent une tentative de noyer son meilleur ami. Au cours de
la grande solitude qui suit cet événement, deux démons deviennent ses amis,
avant de finir par le hanter et le menacer du pire. Quand, quelques années
plus tard, une mystérieuse série de suicides débute dans le village, Matija se
voit étrangement impliqué. Le garçon, qui se sentait déjà coupable d’avoir
causé la mort de son père, se trouve d’une manière ou d’une autre en lien avec
toutes les personnes qui mettent fin à leur vie. À tel point que les habitants
du village finissent par croire qu’il est à la source du mal. Les événements
s’enchaînent et les malheurs s’accumulent. L’apparition soudaine de chars dans
les rues du village, annonciateurs de la dislocation prochaine de la
Yougoslavie, semble le moindre mal dans cette histoire pleine d’humour noir
qui évoque la violence et la cruauté des hommes, et surtout leur impuissance
face à la bêtise humaine. Fort de ces souvenirs recouvrés, Matija ne comprend
qu’une fois adulte que la véritable cause de cette dépression généralisée,
menant quelques-uns jusqu’au suicide, était l’engrais chimique alors répandu
massivement sur les champs du village et que les habitants ingéraient donc en
quantité avec l’eau des puits. La seule victime de l’époque pour laquelle
Matija se sent toujours responsable est son ami, celui duquel tout le monde
pensait pouvoir abuser, et qu’il n’avait pas su protéger. Notre catalogue fait
la part belle aux livres qui entretiennent un lien fort avec un endroit
spécifique de l’Europe. Après une première partie où l’auteur se moque du
consumérisme, de l’impuissance politique, de la scène mondaine dans la
capitale Zagreb, Kristian Novak s’attaque rapidement à ces régions qui
caractérisent plus spécifiquement la culture de son pays et son amnésie
nationale. Terre, mère noire se déroule ainsi en grande partie dans un petit
village de la région de Medjimurje, dans le triangle formé par la Croatie, la
Slovénie et la Hongrie, lieu de nombreux contacts historiques et linguistiques
entre différents peuples et cultures. Kristian Novak évoque ainsi la condition
contemporaine de la jeune Croatie tout en rappelant ses origines dans l’Ex-
Yougoslavie communiste. Comme la Slovénie et la Macédoine du Nord, la Croatie
a été relativement épargnée par la guerre qui a ravagé par la suite la Bosnie,
la Serbie, le Monténégro et le Kosovo. Après un communisme particulièrement
superficiel, le pays était avant tout marqué par le retour en force du
catholicisme et du nationalisme, mais aussi par le phénomène des Gastarbeiter,
ces travailleurs émigrés en Allemagne dans les années soixante-dix et revenus
au pays avec la nostalgie diffuse d’une vie meilleure. Le roman de Kristian
Novak rassemble ainsi à foison des éléments emblématiques de cette Europe du
Sud-Est des années quatre-vingt-dix sur le point de basculer dans un avenir
incertain. Au-delà de cette exploration significative de l’histoire de son
pays, le grand talent de l’auteur réside avant tout dans les portraits qu’il
brosse des habitants du village, dont la recherche désespérée et maladroite de
tendresse et d’amitié rend ce récit incroyablement poignant. De la même façon,
c’est en libérant ces souvenirs traumatisants des profondeurs de sa conscience
et en procédant à une reconstruction de ce microcosme rural disparu que Matija
accède à la possibilité d’aimer sincèrement. Terre, mère noire est un roman
d’une beauté sombre parsemé d’un humour irrésistible et d’images d’une
intensité inoubliable qui évoque magistralement notre besoin d’amour,
d’amitié, mais avant tout de vérité. Tout en explorant de manière touchante et
hautement inventive l’écart entre réalité, imagination et mémoire, Kristian
Novak nous parle de ce que signifie être humain. Extraits: Chaque maison a son
odeur bien particulière, composée du métabolisme de toutes les choses animées
et inanimées qui la peuplent, et dans celle de la maison de Zvonko, il y avait
un peu d’herbe fraîchement coupée, un peu de cassoulet et de viande fumée, un
peu de plastique chaud de la télévision, et beaucoup d’une sorte de parfum
froid, je pense que c’étaient ses souvenirs. Comme le parfum triste de ton
plat préféré que tu retrouves le lendemain au réfrigérateur. ***Nous marchions
derrière deux petites vieilles. L’une d’entre elles dit à voix basse, plus par
devers soi : « Qui aurait cru qu’y aurait assez de place d...
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