Tous les oiseaux du ciel

Evie Wyld

Actes Sud

  • Conseillé par
    2 janvier 2015

    Traquée par la vie

    Une fille qui s’appelle Jake élève seule des moutons dans un coin perdu sur une île britannique. Au départ, on ne sait rien d’elle hormis qu’elle a grandi en Australie. Pourquoi s’est-elle réfugiée sur cette île battue par les vents ? Pourquoi élève-t-elle des moutons ? Pourquoi et quand a-t-elle quitté l’Australie ? Autant de questions que le lecteur, mais aussi les habitants du petit village voisin, se posent. Lorsque le roman débute, Jake découvre une de ses brebis égorgée, et ce n’est pas la première. Une situation angoissante donc, qui ferait probablement trembler tout un chacun, sauf que Jake n’est pas comme tout le monde. Alors, pleine de colère et de détermination, Jake enquête et sillonne l’île à la recherche de l’égorgeur de brebis, car cet événement sanglant pourrait être une résurgence de sa vie d’avant, en Australie.

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  • Conseillé par
    5 novembre 2014

    « Tous les oiseaux du ciel » est un étrange roman, au rythme inversé qui permet d’installer confusion et tension au récit. Nous suivons Jake, une jeune australienne solitaire qui vit uniquement entourée de ses moutons et de son chien, Dog (qui veut dire chien, vous remarquerez l’originalité de la chose). Mutique, méfiante et n’aimant pas beaucoup la compagnie d’autrui, celle-ci doit faire face à la disparition et la mort de quelques-unes de ses bêtes. Dès lors, c’est une atmosphère angoissante qui s’installe. Qui tue donc ces moutons ? Ou quoi ? Est-ce juste de la méchanceté de la part d’un groupe d’ados qui cherche à s’amuser ou Jake se serait-elle fait des ennemis qui auraient retrouvé sa trace ? Au beau milieu de cette lande sauvage et envahie par les vents, difficile de ne pas se laisser gagner par l’appréhension, par les ombres qui passent devant la fenêtre et par les hurlements du vent. Si c’est bien de cela qu’il s’agit…

    A partir de cette interrogation, Evie Wyld déroule sous nos yeux curieux le passé de Jake et construit une narration à reculons, les souvenirs de l’héroïne nous étant livrés de manière décroissante. On commence donc par des flash-back dans le passé le plus récent de Jake pour remonter de plus en plus loin dans ses souvenirs. Les chapitres voire parfois les paragraphes, alternent entre ce passé et le présent qui l’a amené à son exil dans cette campagne hostile. C’est du coup difficile de suivre l’intrigue, qui requiert toute l’attention du lecteur. Si l’on ne concentre pas dès le début, il parait évident que l’on se perdra dans les méandres des réminiscences de Jake. Pourtant, s’il l’on s’accroche, le récit vaut vraiment le coup car la vie de l’héroïne s’avère dès plus tumultueuse.

    Au fur et à mesure que les pages se tournent, le passé de l’héroïne et cette narration à rebours prennent tout leur sens. Et je me dois d’applaudir des deux mains ce procédé ingénieux qui nous plonge de plus en plus profondément dans les blessures de Jake. Evie Wyld parvient ainsi à garder tout le suspense et la tension jusqu’au dénouement final. Jusqu’à cet élément déclencheur qui a fait de la vie de l’héroïne une descente aux enfers. Les différents portraits de personnages que croisera Jake tout au long de ses divagations sont impitoyables et on comprend que celle-ci se soit refermée sur elle-même. Heureusement, çà et là une rencontre lui apporte un peu de bonté. Poussée dans ses moindres retranchements, on sent pourtant que son chemin aboutira à quelque chose de plus heureux. La fin, qui est aussi le début de l’histoire de Jake, se veut enjoué et lumineux. On évite ainsi l’écueil du pathos et on referme le livre avec de l’espoir pour notre héroïne malmenée.